Louise de Quengo


Louise de Quengo

 

De 2011 à 2013, des fouilles préventives menées par l’INRAP au couvent des Jacobins (futur centre des congrès), à Rennes, ont permis la mise à jour d’environ 800 sépultures, dont 5 cercueils de plomb, accompagnés de reliquaires du même métal en forme de coeur. Dans l’un d’entre eux, un corps en état de conservation exceptionnel a été identifié comme étant celui de Louise de Quengo, dame de Brefeillac, décédée en 1656. Cette identification a été rendue possible par les inscriptions relevées sur le reliquaire de plomb accompagnant le cercueil.

Cy git le Coeur de ….(mot effacé) Toussaint de Perrien, Chevalier ….(mot effacé) de Brefeillac, dont le Corps Repose à ….(mot effacé) Sauveur près Carhaix Couvent des Carmes Deschaus qu’il a Fondé et Mourut à Rennes le 30ème d’aout 1649.

L’autopsie de Louise de Quengo a révélé le prélèvement de son coeur. Son époux étant enterré dans la chapelle de Saint-Sauveur à Saint-Hernin, il restait à découvrir le lieu d’inhumation de ce coeur.

Un document du 12 juin 1673, conservé aux archives départementales d’Ille-et-Vilaine, apporte la réponse.

 

Jullien Pezeron seigneur de Pennelan conseiller du roi et maître ordinaire de la chambre des comptes en Bretagne savoir faisant que le vingt neuf de mai mille six cent soixante treize, nous serait venu trouver en la ville de Quimperlé le père Donatien de Saint-Joseph prieur des Carmes Deschaussés du couvent de Saint-Sauveur paroisse de Saint-Hernin évêché de Cornouaille proche la ville de Carhaix, lequel nous aurait fait connaître que nous aurions été commis pour faire état et procès-verbal de la quantité qualité et valeur des terres appartenant audit couvent de Saint-Sauveur par arrêt de la chambre des comptes de ce pays du quatre septembre mille six cent soixante huit, rendu sur les lettres d’amortissement qu’il a plu au roi de leur accorder au mois d’avril mille six cent cinquante huit, et nous aurions requis tant en son nom que faisant pour les autres religieux dudit couvent, de descendre sur les lieux ce vendredi de douze juin audit an mille six cent soixante treize pour exécuter la dite commission, ce que lui aurions promis de faire et ledit jour douzième de juin ayant avec nous pour adjoint maître Pierre de Castillon notaire de la juridiction de La Rochemoisan et duquel le serment pris en tel cas requis, aurions descendus audit couvent de Saint-Sauveur distant dudit Quimperlé de huit lieues où étant arrivés ledit père prieur serait venu nous recevoir et aurait fait comparaître devant nous maître François Touchart sieur de Raguenel avocat à la cour et substitut du procureur général du roi au désir du pouvoir de lui signé du vingt huit mai dernier pour assister au fait de notre commission et en présence dudit substitut, ledit prieur nous aurait communiqué et mis en main les titres et garants de leur couvent de Saint-Sauveur et nous aurions vus par la lecture d’iceux que Toussaint du Perrien chevalier seigneur de Brefeillac et autres lieux pour la dévotion particulière qu’il avait à la vierge et pour entretenir celle qu’il y avait journellement à la plus grande gloire de Dieu en la chapelle à lui appartenant dédiée à notre sauveur appelée la chapelle de Saint-Sauveur et par une considération qu’il avait pour des religieux de leur ordre il leur aurait donné pouvoir de faire bâtir un monastère avec trois journaux de terre y contigus et mille livres une fois payé pour contribuer aux frais du bâtiment et mille livres de fondation de rente annuelle et perpétuelle….

 

Suivent plusieurs pages concernant l’historique du couvent de Saint-Sauveur, déjà publié dans le cahier du Poher n° 29 de juin 2010.

 

..et nous aurait ledit prieur requis d’exécuter ledit arrêt à notre commission et nous aurait déclaré qu’ils ne possèdent que l’établissement de Saint-Sauveur qui est tout petit et angustié (étroit) ainsi qu’il nous le ferait voir, et ladite terre du Grannec ce que nous lui avons accordé et y procédant nous nous sommes rendus avec lui et le substitut du procureur général et notre adjoint en ladite église de Saint-Sauveur, située dans un petit placître planté de petits jeunes chênes et foutaux (hêtres) et dans un beau lieu sauvage environné de montagnes en laquelle étant entrés après nous être mis à genoux pour adorer le saint sacrement qui était exposé sur l’autel à cause de l’octave du sacré, nous avons appris de plusieurs anciennes personnes que ladite église a été de tout temps et est encore à présent fréquenté d’une affluence de monde portée de dévotion envers notre sauveur, et nous avons remarqué que son entrée principale est dans le pignon vers l’orient vis à vis du maître autel et qu’elle est construite en forme de croix parfaite et lambrissée le tout d’une grandeur raisonnable et y aurait trois autels savoir, le principal dédié au sauveur du monde et au pieds et au milieu duquel repose le corps dudit seigneur de Brefeillac leur fondateur dans un cercueil de plomb enfoncé en terre où est aussi le coeur de Louise de Quellgo (Quengo) sa compagne décédée après son mari ainsi que ledit prieur et autres nous l’ont déclaré, celui de la droite dédiée à Notre Dame du Mont Carmel et l’autre à Saint-Goudan duquel ils ont la plupart du corps et de ses reliques le tout bien entretenu et au derrière du grand autel nous avons vu une petite sacristie bien propre et garnie de plusieurs ornements pour le service de ladite église pratiqué dans la longueur d’icelle et au dessus est un choeur de la même grandeur et un petit clocher par dessus dans le pignon et au coté du midi de ladite église il y a un corps de maison y joignant couvert d’ardoises que nous avons vus être à deux étages de quatre vingt pieds de long, vingt quatre pieds de hauteur à ras de terre et dix huit pieds de largeur sans pignon vers le midi sauf une simple terrasse, dans le haut duquel sont les dortoirs et par à bas sont les cuisines, offices et réfectoires et est le seul logement des religieux en quoi nous avons affirmé qu’ils sont si incommodés et si resserrés pour douze religieux que le prieur nous a dit qu’une partie sont logés près de l’ardoise, et au devant et couchant de ladite maison il y a une cour de peu de grandeur cernée par les autres endroits de petites galeries servant de bûcher et de décharge et d’un petit logement vers le nord servant de four par a bas et pour les servitudes par à haut, et à la sortie de ladite cour nous avons rentrés dans une autre plus petite cour au couchant du pignon de ladite sacristie cernée d’une muraille du coté vers le nord et de l’autre coté d’un couloir en forme d’appenti faisant l’entrée et à l’autre bout est un autre petit logis en continuation de ladite maison du four dont le bas sert d’écurie et au dessus une petite chambre pour recevoir les externes, et de là nous nous sommes transportés au jardin qui est à terrasse à trois étages non encore parachevé cerné par quelques endroits de petits bouts de muraille et pour la plupart de talus et fossés dans lequel il y a quelques légumes fruitiers plantes et un petit se…. ? de chênes, ledit jardin et enclos situés au midi de ladite église et logement et la plus grande partie sur une croupe de montagne le fonds de laquelle église placître au devant maisons cours jardins et enclos est situé en la paroisse de Saint Hernin juridiction de Landeleau et contient près de trois journaux et demi suivant le mesurage que nous avons fait faire et qui nous a semblé être de beaucoup trop peu pour l’utilité et commodité d’une communauté de religieux. Et considérant la valeur desdits bâtiments et desdits trois journaux et demi qui par la situation et qualité intrinsèque semble être ingrate nous avons le tout ensemble et d’un avis commun estimé et cru valoir seulement la somme de trois mille livres….

 

Les pages suivantes concernent la seigneurie du Grannec.

 

 

Quelques informations sur la chapelle

 

02/09/1788 : Incendie de la chapelle. Les enfants du métayer empêcheront sa propagation aux bâtiments d’habitation de la métairie (ancien couvent).

 

... /... /1789 : Les religieux commencent la reconstruction de la chapelle. Ils payent à un artisan 49 livres pour relever une partie des murs et 43 livres pour l’achat de genêt et façon de couverture de la partie supérieure de la chapelle.

 

07/11/1790 : Délibérations du conseil général de la commune de Saint-Hernin.

Le conseil demande que la chapelle brûlée en 1788, soit rebâtie, parce que ce lieu est dévot et fort fréquenté par les miraculeuses reliques de Saint-Gaudens qui s’y trouvent.

Le Directoire de Carhaix refuse de financer la construction car les fonds de la nation ne suffisent qu’à peine aux dépenses indispensables de l’état.

 

27/12/1791 : Vente de la métairie de Saint-Sauveur appartenant aux Carmes Déchaussés de Rennes (biens de première origine).

La chapelle inachevée est comprise dans le même lot.

Adjugée 10 917 livres à Noëlle Rupérou, veuve Duval, de Paimpol.

 

26/02/1817 : Vente pure et simple, à la fabrique de Saint-Hernin, de la chapelle pour 400 francs, plus 800 francs pour les bois, pierres et autres matériaux nécessaires à sa reconstruction, que le vendeur (Marie Pétronille Duval, fille de Noëlle Rupérou décédée à Paimpol le 2 janvier 1815) s’oblige de fournir aux acquéreurs.

Les pierres sont celles disponibles et existant sur les lieux. Les bois pour la charpente seront choisis sur la métairie et façonnés par le vendeur. Ce dernier devra également fournir du bois pour deux portes et pour façonner un christ et un tronc.