chapelle de Saint-Maudez


Quelques informations sur l’histoire de la chapelle de

Saint-Maudez, anciennement appelée Saint-Gouzien,


d’après des documents anciens conservés aux archives départementales de Quimper, Brest, Nantes, Rennes et Vannes


Année 1542
Attestée sous le nom de Saint-Gouzien dans la déclaration de succession de Charles Guillart, seigneur de La Villeder (le Roch Saint-André 56) nouveau propriétaire de la seigneurie de Plouyé, après le décès de son père François. La seigneurie de Plouyé ne couvre à cette période que les 2/3 de la paroisse. Le reste appartient à différents seigneurs. Elle a été achetée en 1513 par la famille Guillart à la famille de Rohan qui la possédait depuis plus de 200 ans suivant les plus anciens documents originaux conservés à Nantes ( chartrier de Blain à la médiathèque Jacques Demy ).

Année 1661
Divers actes concernant des successions, ventes, achats, etc…, où le nom de Saint-Maudez est indiqué à plusieurs reprises (croix de Saint-Maudez, carrière de Saint-Maudez située à 100 mètres au nord-ouest de la chapelle).

Années 1680-1683
Actes sur lesquels est indiqué « parc Sant-Modé autrement Saint-Gouzien »

06/10/1685  
René de Gourcuff, seigneur de Tréménec (Poullan-sur-Mer) vend tous ses biens à Plouyé, dont les droits de fondation et autres droits honorifiques dans la chapelle de Saint Gouzien, obtenus par le partage en 1671 de la  succession de ses parents, Louis de Gourcuff et Moricette de Ploeuc. Le nouvel acquéreur reconnaît que sur la  maîtresse-vitre figurent les armes du vendeur. Tous ces biens dépendent de la seigneurie du Grannec dont les terres se situent en majeure partie à Collorec et Landeleau.

À la suite de cette vente, Jean-Charles Ferret, nouveau propriétaire du Tymeur (Poullaouën), et de la seigneurie de Plouyé, va utiliser son droit de retrait féodal, pour obtenir les biens vendus par René de Gourcuff, en indemnisant l’acheteur.
Les Pères Carmes de Rennes, propriétaires de la seigneurie du Grannec, dont dépend la chapelle, vont contester cette opération et attaquer en justice les propriétaires du Tymeur.
Le procès va durer environ 70 ans et se dérouler devant les cours de justice de Collorec, de Poullaouen, de Lesneven , du Parlement de Bretagne à Rennes, pour se terminer à Versailles.
Au cours des différentes péripéties de ce procès, et en fonction des jugements prononcés, la chapelle change plusieurs fois de nom.

En 1717,
les seigneurs du Tymeur baptisent la cloche neuve de la chapelle Saint-Modé.

En 1725,
les Pères Carmes la dénomment chapelle de Saint-Gouzien vulgairement appelée Saint-Modé

La même année, le seigneur du Tymeur vends tous les arbres situés autour de la chapelle, à des entrepreneurs de Brest  travaillant pour la construction des vaisseaux du roi. Quatorze ouvriers recrutés pour l'occasion, commencent à débiter le bois. Les pères Carmes,se disant également propiétaires des arbres, font intervenir les juges de Châteauneuf du Faou qui se rendent sur le placitre de la chapelle de Saint Gouzien, vulgairement appelée Saint Modé. Ils interpellent le responsable du chantier qui leur apprend qu’il a commencé à abattre et débiter  les arbres depuis plus de  trois semaines, avec 14 ouvriers.
Ordre lui est donné d’arrêter les travaux avec interdiction d’enlever les bois abattus ou à abattre situés aux issues du cimetière et dépendances de la chapelle de Saint Gouzien ou Saint Modé avant décision de justice.
Comme  les bois abattus dépérissent et sont en partie exploités, l’intendant de la marine en Bretagne ordonne la poursuite du chantier et la livraison des bois à Brest. Il séquestre aussi la somme de 2000 livres due aux entrepreneurs pour leur marché. Cette somme sera attribuée aux pères Carmes s’ils gagnent leur procès contre le seigneur du Tymeur, celui-ci devant rembourser les entrepreneurs. 

En 1732                                                                                                                                                                                                                                     Le sénéchal du Tymeur, assisté du recteur et de représentants de la fabrique de Plouyé, effectue un inventaire des ornements contenus dans la chapelle, qu’ils appellent Saint-Gouzien.

On y trouve :
   1 calice d’argent et sa paterne d’argent,
   Les reliques étant dans leur boîte
   2 chasubles,   1 estolle,   6 nappes d’autel,   1 aube,   1 surplus,   1 bonnet carré,   
   2 chandeliers de cuivre et une petite clochette.

En 1741
Toujours appelée Saint-Gouzien.

En 1756,
Après avoir obtenu à Versailles, l’universalité de fief sur la paroisse de Plouyé, les seigneurs du Tymeur font baptiser «la nouvelle cloche de Saint-Modé».
À partir de cette date, la chapelle sera toujours appelée Saint-Modé ou Saint Maudé, puis Saint-Maudez.
Les terres situées près de la chapelle conserveront le nom de Saint-Gouzien (parcs, prés, prairies) jusqu’au 19ème siècle.

En 1794
Les croix de Saint-Maudez et Bourgneuf sont abattues.
9 personnes des villages des environs ont été désignés pour les abattre.
Gilles Le Guern, membre du conseil municipal, refuse et est assigné à résidence à Carhaix.
Il y restera une semaine, les membres du district écrivant au procureur de la commune de Plouyé « que nous ne savons pas trop quoi en faire attendu que nous ne connaissons pas de lois qui ordonnent le démolissement des signes des différents cultes et assurément elles n’existent pas sur nos registres. Nous ne pouvons que le garder en otage sous ta responsabilité » (22 L 29)

En 1798 estimation des biens du clergé, dont la chapelle avant sa  vente comme bien national.
…la chapelle de St Maudé, à trois portes, une grande, une moyenne et deux petites fenêtres vitrées, ayant de long soixante  pieds deux pouces, de large 23 pieds, et de haut douze pieds.la sacristie au nord en appentis, ayant de long douze pieds, de large treize pieds dix pouces, de haut sept, avec une petite fenêtre au midi, le tout estimé valeur en 1790 de revenu, la somme de six francs.

En 1799
Vente de la chapelle comme bien national. Achetée par une famille Quimpéroise.

En 1836
La chapelle redevient la propriété de la fabrique.

En 1886
Vente par adjudication des 167 arbres garnissant le cimetière de la chapelle de Saint-Maudez pour 1050 frs. Ils seront déracinés, exceptés ceux se trouvant sur les murs entourant la dite chapelle.

En 1906   Inventaire du mobilier de la chapelle (séparation Eglise-Etat) par des experts, qui estiment sa construction vers 1600.                                                       On y trouve:
 1 autel en bois peint long de 3mètres avec tabernacle et retable à 1 degré sans o???? tout en bois
Contre l’autel, 4 bras de cierge en cuivre de 15 cm de longueur
 À droite, 1 statue de Saint-Maudez de 1 mètre en bois peint dans une niche
 À gauche, 1 statue de Saint-Guinal de 1 mètre en bois peint dans une niche
Chaque niche entre 2 colonnes d’ordre corinthien hautes de 2 mètres avec chapiteaux dorés soutenant ……? d’architecture de même style
 Au centre un tableau de la Sainte-Vierge peint à l’huile de 2 mètres sur 2 mètres paraissant sans valeur
 Au-dessus, fronton sculpté même style que le reste avec 1 saint en bois de 30 cm de haut
Le chœur est formé par une grille de bois à balustres tressés de longueur totale de 6 mètres
À 3 mètres en avant de cette grille, 1 jubé à balustre de bois peint en bleu de 2 mètres de hauteur
Au centre de la corniche, 1 christ en croix en bois peint de 1 mètre 20 et de chaque côté 2 saints de bois de 30 cm
Dans une niche en pierre, 1 saint de pierre de 60 cm
Dans la nef, un tronc en bois de 20 cm par 20 cm                                                                                                                                                                          Les vitraux des fenêtres sont simples et non colorés          


Dans la sacristie :
   1 armoire en chêne
   1 autre vieux meuble en forme de buffet
   2 chandeliers de bois peint, 4 gerbes de fleurs
   1 table en sapin
.

En 1942

courrier du recteur à l’évêque dans lequel il annonce entreprendre des réparations de la toiture et d’une partie peu importante des murs et qu’une quête pour financer les travaux a été faite dans la paroisse et a rapporté 45 405 frs.
Pour financer une partie des travaux, le recteur J. L’Hour, propose de faire à nouveau le pardon, le 4ème dimanche de juillet, abandonné depuis une dizaine d’année. Mais il faudrait dans ce cas, enlever provisoirement les matériaux qui s’y trouvent. L’autel pourrait être facilement enlevé car il est en bois. La pierre d’autel se trouve actuellement à la sacristie de l’église paroissiale.

A noter
Un village appelé Saint-Gouzien, situé près de la chapelle, (direction Bourgneuf), était habité jusqu’à la fin du 18ème siècle.

De 1898 à 1907 le registre des recettes de la chapelle indique 2 pardons annuels avec des offrandes en argent et blé: l’un, fin juillet, appelé le petit pardon et l’autre, fin novembre, appelé le grand pardon.
Des offrandes de grains sont déjà signalées avant la révolution.

Ce qui a disparu depuis l’inventaire de 1906:
   La balustrade en bois à montants tournés fermant le chœur.
   Un tableau de la vierge de 2 mètres sur 2 mètres au centre du retable.
   Un saint de bois de 30 cm  dans le haut du retable.
   2 saints de bois de 30 cm situés de chaque coté du christ en croix au dessus du jubé à balustres.
   1 saint de pierre de 60 cm dans une niche près du jubé.

Conclusion
De la chapelle de 1542, il ne reste que très peu d’éléments visibles. Depuis cette date elle a été régulièrement transformée.
Si l’on considère que sa description de 1798 est exacte, la maitresse-vitre aurait été rajoutée après 1836.
Malgré les très nombreux documents la concernant, conservés dans les archives bretonnes, aucun n’explique son changement de nom.
On ignore également l’utilisation faite de 1799 à 1836, par ses propriétaires quimpérois.